Ce texte a servi de base à une contribution déposée auprès de la Convention Citoyenne pour le Climat

Je propose la création d'un congé (payé) caniculaire, sur le modèle du "Hitzefrei" allemand, mais applicable à l'ensemble des travailleurs. L'idée est qu'à partir d'une certaine température, les travailleurs doivent cesser le travail, mais seront tout de même payés. La décision du congé caniculaire peut se faire suivant différentes modalités : mesure très locale de la température (sur le lieu de travail et clmatisation à l'arrêt depuis plus de 12h), ou bien par décision départementale basée sur des relevés/prévisions météorologiques.

La visée de cette proposition est de lutter contre le réchauffement climatique en rendant réellement contraignant ses effets sur l'économie, en évitant le recours à la climatisation, et en diminuant le facteur aggravant de réchauffemnt local que constituent les activités économiques :

1 - Tout d'abord, il est très prévisible que cette mesure ne va pas plaire aux patrons et aux chancres de l'économie et du travail à tout va (pourtant, il existe des choses plus importantes que cela dans la vie...). Elle est pourtant là pour rappeler que d'une part, le travail est beaucoup moins efficace lorsque l'on a très chaud (donc la valeur économique non produite à cause du congé est moindre), et que d'autre part s'ils veulent éviter ce genre de congés à l'avenir, ils ont tout intérêt à transitionner vers une économie bas-carbone (voire moins d'économie).

2 - Une idée forte est également d'empêcher le recours à la climatisation comme solution systématique aux fortes chaleurs. Au contraire, la climatisation aggrave le problème de plusieurs façons : d'abord localement en rejetant de la chaleur dans les rues et en renforçant les ilôts de chaleur urbain, puis en engendrant une forte consommation énergétique, également par l'utilisation de fluides à fort pouvoir d'effet de serre, et enfin en permettant la poursuite des activités économiques dont la démesure est à l'origine du réchauffement climatique.

3 - Le congé caniculaire aura comme bonne conséquence de réduire les besoins de transport, et donc réduire le trafic dans les grandes villes. Cela évitera l'apparition classique de pics de pollution lors des fortes chaleurs.

4 - Enfin, ce sera un fort outil de solidarité familiale et sociale. Avec du temps libéré au moment où les personnes fragiles sont le plus en danger (personnes agées ou petits enfants, que ce soient sa famille ou des voisins), les actifs en congés pourront prendre soin de leurs proches, au lieu de s'inquiéter pour eux au travail. Cela allégera énormément la charge de travail des personnels soignants, assistantes de vie, infirmiers, assistantes maternelles, etc. pour qui les périodes de canicule sont toujours tendues.

5 - La volonté de rendre ce congé payé par l'employeur est d'une part de ne pas faire subir des baisses de revenus (en plus des conséquences du réchauffement climatique) aux populations les plus pauvres, alors qu'elles sont le plus souvent celles qui polluent le moins. Il faut que le coût de l'inaction climatique soit imputé aux entreprises, dont l'intérêt primaire de création de richesse est contraire à la nécessité de décroissance. Un compromis pourra être trouvé pour ne pas plomber les TPE-PME, en ne payant pas les congés caniculaires à hauteur du salaire normal de l'employé, mais à hauteur du smic. Ainsi les ouvriers sentiront moins le changement que les cadres, qui ces derniers rappelons-le, sont aussi plus à l'origine du réchauffement climatique du fait de leur mode de vie.

J'espère que ma proposition aura retenu votre intérêt. Elle est assez radicale, mais je pense que l'urgence de la situation exige de ne plus faire de concessions et de faire peser le coût du dérèglement climatique sur les vrais fautifs.

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